Les gilets de sauvetage automatiques ont depuis pas mal d’années complètement remplacé les bons vieux gilets en mousse. Ils apportent en pratique une bien meilleure sécurité… car ils peuvent être portés en permanence ou presque ! Car bien sûr un gilet de sauvetage ne sert à rien s’il reste au fond d’un coffre…
Comment marche le gonflage d’un tel gilet ? Il y a bien sûr toujours un embout de gonflage manuel au cas où, mais surtout une réserve de gaz (CO2), avec un moyen manuel de déclenchement (tirette, etc). Pour le déclenchement automatique en cas de chute à la mer, deux dispositifs se partagent le marché : Des systèmes bas coût basés sur une capsule de sel (qui se dissout au contact de l’eau mais malheureusement aussi des fois en cas d’humidité importante…), et des systèmes basés sur la pression de l’eau. Dans cette dernière catégorie, les produits Hammar sont a priori les plus courants. C’est le cas de mon gilet, équipé d’un déclencheur Hammar MA1. Une partie à l’intérieur du gilet comprend la cartouche de CO2 et le percuteur, et une partie jaune à l’extérieur du gilet forme le déclencheur proprement dit. Les deux parties sont solidarisées par une couronne plastique, déverrouillable via une petite clé pour le remplacement périodique des éléments. Plein de tutos existent pour expliquer comment faire la maintenance de tels produits, ce n’est pas mon propos ici.
Mais comment fonctionne un tel déclencheur ? Profitant d’une opération de remplacement périodique, j’ai eu la curiosité de le démonter. Ci-dessous le résultat de cette opération chirurgicale…
ATTENTION : Les informations données dans cette page sont uniquement à but informatif. En aucun cas un tel dispositif ne doit bien entendu être démonté, « réparé » et réutilisé au risque de mettre votre vie ou celle de vos équipiers en danger. Le produit est scellé et doit le rester, il doit être vérifié et remplacé périodiquement par un produit neuf selon les informations du fabricant (date de péremption et/ou indicateur virant au rouge). Le gilet en lui même doit de plus être vérifié périodiquement .
Ce qui n’empêche pas de vouloir comprendre comment ça marche. Le démontage à la mini-fraiseuse du déclencheur permet d’accéder à un gros ressort spirale et à plusieurs pièces plastiques :
Le plus intéressant se passe entre deux mâchoires en plastique noir reliées par une partie blanche, a priori en papier (ici déchiré car le déclencheur a été utilisé avant démontage) : Avant déclenchement, le papier maintient les deux mâchoires solidaires. Ces mâchoires bloquent alors la pièce centrale qui est solidaire du ressort
Lors du déclenchement manuel (en tirant fort sur la tirette), une came force sur les deux mâchoires et le papier se déchire. L’axe central est alors libéré et le ressort spirale l’entraîne en rotation rapide, ce qui va à son tour entraîner le percuteur et libérer le CO2 (cf plus bas). Ci-dessous une photo montrant la position des mâchoires légèrement écartées et libérant la rotation de la pièces centrale :
Et quid du déclenchement automatique ? Et bien un petit piston étanche est présent dans l’excroissance jaune, et est maintenu en position par un petit ressort taré. Le produit est en temps normal étanche, mais si la pression de l’eau sur le piston dépasse la force du ressort alors l’eau entre dans le dispositif. Je n’ai pas fait l’essai mais on peut imagine que l’eau dissout alors le papier, ce qui relâche les mâchoires et libère l’axe central entraîné par le ressort spirale etc.
Simple, mais redoutablement efficace…
Deux mots enfin sur le percuteur (qui est sur cette version vendu en même temps que la cartouche de CO2, les deux étant solidarisés par une colle frein et devant de toute façon être remplacés simultanément en cas de percussion du gilet car le percuteur a un cliquet et un indicateur de déclenchement non réarmable) :
Le percuteur comprend principalement une came terminée par une pointe métallique, entrainée par un excentrique (en bas sur la photo) lui même entrainé par l’axe du déclencheur
Ainsi la rotation de l’axe (entrainée par la force du ressort spirale, que ca soit en cas de déclenchement manuel ou automatique) fait sortir l’ergot métallique qui perce la capsule de la bouteille de CO2 et gonfle le gilet. Une bouteille percutée :
Voilà, encore une fois tout ceci n’est que par goût de la technique, et ne doit en aucune manière vous éviter de vérifier, contrôler et remplacer vos déclencheurs, percuteurs et gilets selon le calendrier et les informations du fabricant. Quelques dizaines d’euros typiquement tous les trois ans ce n’est pas bien cher pour sauver sa peau ou celle de ses équipiers et passagers…