Notre Biloup était d’origine dépourvu de toute jauge : Impossible de savoir combien de gasoil restait dans le réservoir sauf en se faufilant dans le coffre arrière avec une lampe de poche, impossible de savoir où en était de stock d’eau douce ou le remplissage du réservoir d’eaux noires… Pas simple !
Des jauges sont bien sûr commercialisées par nos amis shipchandlers, mais basées le plus souvent sur un flotteur ou un capteur inséré dans le réservoir, ce qui n’est pas forcément facile à ajouter si ce n’est pas prévu d’origine, et pas forcément bon marché non plus.
La solution que j’ai utilisée est assez basique mais elle fait le job : Simplement coller des capteurs capacitifs à l’extérieur du réservoir à différentes hauteurs. Un tel capteur change d’état selon les matériaux à proximité, et permettent donc d’allumer plus ou moins de LEDs selon le niveau de remplissage.
Comment faire une telle chose ? C’est facile si l’on est un peu bricoleur et qu’on n’a pas trop peur du fer à souder. Tout d’abord trouver des capteurs capacitifs. Evidemment les électroniciens chevronnés peuvent les bricoler eux-même, mais les chinois en font de très bien et pas cher. J’ai utilisé un modèle de référence XKC-Y25-NPN déniché sur aliexpress pour moins de 5Eur pièce :
Ces capteurs ont 4 fils : Deux pour l’alimentation (5 à 12V pour le modèle que j’ai choisi, mais certains tolèrent jusqu’à 24V), un pour la sortie (ouvert ou à la masse selon la présence ou pas d’eau pour la variante NPN), et un pour choisir le mode (le laisser en l’air ou le mettre à la masse inverse le sens de la sortie). Il suffit donc d’en acheter une poignée, et de les coller au sicaflex sur la paroi du réservoir. Illustration avec mon réservoir de gaz oil (3 niveaux détectés) et d’eau noire (un seul niveau « videz moi vite ») :
Seul point de vigilance : Ces capteurs détectent l’eau, mais peuvent aussi détecter encore plus facilement n’importe quoi de métallique à proximité. Il est donc judicieux de les placer de telle façon qu’il ne puisse pas y avoir de fil électrique ou de quoi que ce soit d’autre qui puisse arriver disons à moins de 5cm des capteurs, au risque sinon d’avoir une mesure faussée.
Il faut ensuite se bricoler un petit pupitre d’affichage, c’est à dire quelques LEDs et résistances de limitation de courant affichant l’état de chaque capteur à la table à carte ou où vous voulez. Etant un peu inquiet vis à vis de la tension maximale de 12V tolérée par ces capteurs, j’ai personnellement ajouté quelques composants électroniques pour réguler à 8V la tension délivrée par la batterie. Ceci pourrait probablement être évité en achetant les capteurs en version 10-24V. Enfin, le petit schéma électrique du mini-pupitre est quelque chose comme ça (avec autant de capteurs et de LEDs que souhaité) :
Reste à câbler ces quelques composants, soit en l’air soit sur une petite platine à trous comme illustré là. Noter les borniers à ressort qui facilitent beaucoup l’installation à bord ensuite. Les deux échelles de LED de gauche sont pour le gazoil et l’eau (3 capteurs en vert et une LED rouge toujours allumée en bas), la LED rouge de droite s’allume quand le réservoir d’eaux noires est quasi plein.
Le verso. Euh, pas méga joli mais ça fait le job… Etamer copieusement toutes les pistes conductrices effectivement utilisées réduit notablement les soucis à long terme en milieu salin…
Et voilà, il ne reste plus qu’à mettre le tout dans une joli boîte, à tirer des fils entre les capteurs et l’affichage (ce qui est de loin le plus long et pénible à faire dans un bateau !), par exemple avec du câble téléphonique, à raccorder le tout à l’alimentation 12V via un petit bouton poussoir et un fusible pour que ca ne consomme que quant on en a besoin, et voilà :
Un dernier mot important : Ces capteurs ont une vis de réglage de sensibilité. Ce n’est a priori pas évident mais elle est accessible en décollant l’étiquette au dos des capteurs et avec un micro-tournevis :
Le mode de réglage est basique : Une fois le réservoir rempli, tourner la vis pour que la LED s’illumine, juste en dessus du seuil de détection. Bon, j’ai du reprendre les réglages une ou deux fois mais depuis c’est stable. Evidemment c’est plus simple à faire si on est deux… A noter aussi qu’on peut avoir une fausse détection lorsqu’on approche le tournevis, il faut donc y aller pas à pas en éloignant le tournevis et la main à chaque réglage mais ce n’est pas bien compliqué.
Bon bricolages !